Vendredi soir: Liaison en Espagne où Benoit Joachim est retourné ce matin


la-vuelta.com : Bonsoir Benoit, Demain chrono de 39 km taillé pour les rouleurs voire certains sprinters, quel est ton pronostic?

Benoit Joachim : Vu ma prestation en la matière en début de Vuelta, il vaut sans doute mieux que je m'abstienne bien que maintenant ce soitnbeaucoup plus facile d'y voir clair.
Menchov tiendra à laisser sa marque sur le Tour d'Espagne 2005, et pour cela il lui faut remporter ce chrono, Plaza était très bien, Verbrugghe et Peschel peuvent avoir attendu ce chrono, plusieurs espagnols sont bien en fin de Vuelta, d'autant plus que l'arrivée vers Madrid les stimule.
La question de savoir si Sastre pourra monter sur la seconde marche du podium ne se pose pas à mon avis, ni même la place de Mancebo qui devrait rester au pied du podium, avec une petite incertitude, mais reprendre 1minute (et 2") à Sastre ne me parait pas à sa portée sur 39km de parcours plat.
Je pense que les meilleurs temps seront autant réalisés par les spécialistes que par ceux qui ont conservé des forces aussi intactes que possibles.
Pour Heras, pas de problème, son avance est largement suffisante.

la-vuelta.com : Et Tom Danielson

Benoit Joachim : Il a tout de même laissé beaucoup de force dans la Montagne avec une équipe très affaiblie, comme la nôtre. Il a tout de même ses chances de se placer dans les 5 ou 10 meilleurs, ça va dépendre de la façon dont il a récupéré.

la-vuelta.com : Tu nous a déjà parlé des défauts d'organisation constatés dans la Vuelta, on se souvient des fameuses 10 secondes de pénalité bien clémentes infligées à Roberto Heras, peux-tu nous en dire plus à propos des panneaux indiquant les écarts pour les coureurs.

Benoit Joachim : Sur le Tour de France, chaque arrivée d'étape comporte un panneau indiquant les écarts à l'arrivée au passage de la ligne, c'est pourquoi les coureurs se retournent quand l'enjeu est important, ça nous permet d'être fixé nous-mêmes de suite, sans le stress d'une relative incertitude liée à des écarts rapportés par tel ou tel qui souvent diffèrent.
Sur le Tour d'Espagne, il n'y en a qu'un fois sur 3 ou 4. Même certaines arrivées en montagne n'en comportaient pas, alors que sur ce type d'arrivée, les coureurs se retournent systématiquement pour connaitre leur écart en direct avec le vainqueur.
C'est ce que j'appelle une organisation défaillante. Ne parlons pas de l'affaire des pénalités, car là ça fleure le favoritisme à plein nez.

la-vuelta.com : A propos des panneaux intermédiaires placés aux différents pointages des chronos, qu'en est-il au Tour d'Espagne?

Benoit Joachim : Il y en a à chaque pointage sur le Tour de France, mais pas au Tour d'Espagne, ce n'est vraiment pas très pro

la-vuelta.com : Ne penses-tu pas que les oreillettes remplacent avantageusement ces points de repères sur panneaux?

Benoit Joachim : D'accord, mais d'une part, le directeur sportif peut nous raconter des blagues pour nous stimuler, ce qui crée toujours une espèce d'incertitude pouvant être certes être sans effets pour certains coureurs, voire stimulants, mais pas pour d'autres!
De plus, les réflexions qui sont menées ça et là pour répondre au nivellement des étapes sur les grands Tours pourraient bien remettre en question l'utilisation des oreillettes
En effet, la normalisation gestionnaire de la course cycliste moderne est rendue possible grâce aux écrans TV et (surtout) aux oreillettes, qui laissent peu de place à l'initiative propre des coureurs, à leur intuition, leur esprit de décision, leur réactivité et donc à une course plus vivante, moins quadrillée.
Ces moyens techniques pourraient bien être remis en cause: c'est à dire , la possibilité d'avoir des TV embarquées dans les voitures et des oreillettes pour les coureurs ainsi sans doute que d'autres moyens de communication de type GPS, certes plus difficiles à interdire ou les téléphones mobiles, quoique ce mode de communication soit peu pratique pour un coureur en course.

la-vuelta.com : Merci pour ces précieuses informations et à demain, bon séjour en Espagne !